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HISTOIRE D’UN PREMIER PAS…

 

Juin 1995... Chaleur écrasante… Plongée dans la rédaction de mon travail universitaire en ethnologie, je me laissai distraire par un article paru dans la revue « Feu et Lumière », (éditée par la Communauté des Béatitudes), emportée par une amie voisine. 

Une annonce allait en quelques minutes « bouleverser » mon avenir proche :

« Tu as de 18 à 35 ans et tu es prêt(e) à donner quelques mois de ta vie pour la gloire de Dieu… » Et de présenter l’aventure missionnaire à l’approche des festivités liées au XVème Centenaire du Baptême de Clovis (en septembre 1996 à Reims) : une veillée-spectacle, « Eglise de Lumière » préparée par un chanteur rémois, dans le but de susciter un nouvel élan spirituel. Ce projet devait être présenté dans nombreuses villes de France au cours d’une tournée d’un an. Pour répondre à cet événement, un appel était lancé : « Nous recherchons une quinzaine de jeunes chrétiens, désireux de donner quelques mois de leur vie… Ils auront l’esprit de mission et aimeront la vie de communauté qui suppose le respect d’une règle, et notamment la participation de tous aux temps de prière quotidiens et à l’adoration du Saint Sacrement… Quelques talents d’artiste (danse, pratique d’un instrument, chant, théâtre, stylisme…) ou de technicien (électricité, sonorisation…) seraient les bienvenus, mais ne sont pas une nécessité. La formation artistique et technique sera assurée. »

A priori, je n’aurais jamais dû lire cette annonce publiée en décembre 1994. Et quinze jeunes recherchés depuis une date si lointaine, cela ne me donnait guère d’espoir. Malgré tout, je téléphonais au « contact ». Le chanteur me répondit en personne. Une danseuse venait de se désister et ma « candidature » l’intéressait… J’avais fait plus de 7 années de danse… L’Esprit veille et souffle où Il veut et quand Il veut. Moi qui voulais partir en Afrique, me voilà embarquée dans une aventure d’une année, pour une tournée en France dans une centaine de lieux, dont le Mont Sainte Odile.

En une quinzaine de jours, je dus terminer mon mémoire sur « Les Foyers de Charité, celui d’Ottrott et sa communauté », rédiger un autre travail et finir un film sur le Couvent du Bischenberg en vue de l’obtention de ma maîtrise. Tout se précipitait donc. A quelques jours de mon départ, les mémoires étaient imprimés, le film en bonne voie…

En effet, la réponse affirmative de l’organisateur arrivait par courrier le 8 juillet et la formation commençait le 16 ! Je préparais donc mon départ pour Berru, petit village à quelques kilomètres de Reims. Un emploi du temps chargé m’attendait de 7 à 24 heures : entre prière et eucharistie, les déplacements d’une ville à l’autre en camion, le travail d’installation-rangement du son et lumière (éclairage, sonorisation) et la veillée-spectacle elle-même… Un vrai « service militaire » pour et avec notre Seigneur !

J’envoyais un courrier à mes proches et amis, et m’élançais passionnément dans cette aventure de vie, de rencontres, de foi, d’art « pour la Gloire de Dieu ».

Je relisais, par la suite, cette prise de décision si spontanée comme un réel « appel », moi qui d’ordinaire prenais un temps considérable avant de faire un choix... Mais l’épanouissement intense que me procura cette expérience rejoignait l’amour et la pédagogie que Dieu observe pour Ses enfants…

Ce vécu, orienté plus précisément pour moi dans le don de la danse « sacrée », danse-prière,  fut un « tremplin » dont j’eus, certes tout d’abord, du mal à atterrir, mais qui m’appela, petit à petit, à rebondir ! (Le temps de Dieu n’est pas le nôtre !!)

De retour dans un quotidien plus ordinaire, je restais à l’écoute de ce qu’avait été pour moi ce chemin où je découvris que Dieu se fait chair d’une autre manière, par mon corps, « temple de l’Esprit »… Je ne dansais plus uniquement pour mon plaisir, mais pour me relier à mon Sauveur, pour Le louer, et laisser l’Invisible rejoindre le visible, et laisser toute mon humanité, corps-cœur-esprit, Le célébrer, et laisser la beauté du mouvement dire le silence de mon Créateur ! Ce moyen de prier Dieu, ce don, je devais le faire fructifier, fleurir, tel le talent que nous confie le Christ…

Et pour cela, il fallait ouvrir des cœurs, pousser des portes d’une Eglise parfois grinçantes, parfois « tout accueil ».

Depuis, je foule, pieds nus, la pierre des chapelles, églises, cathédrales où la grâce m’invite à entrer, avec confiance et élan. Je laisse les anges me précéder de leurs louanges, préparer les cœurs afin que « Lui grandisse et que je diminue » (Jn 3, 30). Et surtout, j’élève ma prière vers Celui qui me donne la vie, le mouvement, l’être… et à ma façon, je Le donne au monde…

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